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Le blog d'Alain Boublil

 

Les résultats de l'économie française

La fin de l’année et la prochaine élection présidentielle constituent le moment propice pour analyser les performances de l’économie française. Comment a-t-elle surmonté les difficultés causées par la crise sanitaire ? A-t-elle accompli des progrès pour remédier aux faiblesses constatées par le passé ? Pour les formations politiques, suivant qu’elles exercent le pouvoir ou qu’elles appartiennent à l’opposition, tout est blanc ou tout est noir. La réalité est différente. Dans certains domaines, la réussite est peu contestable, dans d’autres elle est plus que douteuse et il y en a où l’échec est indiscutable.

L’économie, grâce à l’action de l’Etat, a montré une remarquable résilience face à l’épidémie du coronavirus. Le temps n’est pas si lointain où l’on prédisait une vague de faillites et des millions de salariés mis au chômage. Le soutien apporté aux entreprises et l’aménagement du régime du chômage partiel financés par un accroissement massif des déficits publics ont permis d’éviter le pire. L’action de la Banque Centrale Européenne et la crédibilité de l’euro ont permis que cet accroissement du déficit soit financé à des taux négatifs ou nuls ce qui permettra de limiter dans l’avenir l’accroissement de la charge de la dette publique.

L’euro sort vainqueur de cette période. Il a donné aux pays de la zone euro le même privilège que le dollar a toujours offert aux Etats-Unis, en leur permettant de se financer dans de bonnes conditions quelque soient les circonstances. La France, malgré son endettement très élevé, en a profité et la baisse des taux d’intérêt a permis d’alléger la charge de sa dette chaque année malgré l’augmentation de celle-ci. La crédibilité financière de la France a été confirmée puisque l’écart des taux sur les emprunts à dix ans avec l’Allemagne a peu fluctué entre 30 et 40 points de base.

Les politiques de soutien puis de relance ont généré un rebond significatif de l’activité en 2021 qui a permis de retrouver un niveau de production proche de celui observé avant  l’épidémie. Les prévisions pour 2022 laissent espérer, si la dernière vague ne provoque pas un retour à la situation connue en 2020, une nouvelle année de forte croissance. Mais il ne faut pas en tirer des conclusions excessives. Si le chiffre estimé pour 2021 (6,7%) constitue un record depuis plusieurs décennies, c’est parce que la récession de 2020 a été la plus forte depuis 1929 (-7,9%). La France a donc fait cette année mieux que l’Allemagne mais c’est parce que la récession fut bien moins prononcée dans ce pays en 2020.

Il faut pour faire des comparaisons internationales prendre de bons indicateurs comme la croissance cumulée des années 2020 et 2021 à laquelle on ajouterait les prévisions pour l’an prochain. Elle devrait être comprise entre 2,4 et 2,8% en France suivant les chiffres pour 2022 de la Banque de France et de la loi de Finances. Elle sera de 1,2% et 1,5% en Italie et au Royaume-Uni et de 2,4% et 5,5%  en Allemagne et aux Etats-Unis. L’économie française se situe donc un peu au-dessus de la moyenne et non en tête comme on essaye parfois de le faire croire. C’était loin d’être acquis d’avance et il faut d’apprécier ce résultat à sa juste valeur.

Les résultats sont beaucoup moins convainquant dans les domaines de l’emploi et du pouvoir d’achat. Comme pour la croissance, tout dépend du choix des indicateurs. On se félicite de la diminution récente du taux de chômage mais son niveau est encore beaucoup plus élevé que chez nos principaux partenaires économiques. Quand au nombre des demandeurs d’emplois, il dépasse toujours 3,3 millions et il a peu baissé depuis 5 ans alors qu’il avait bondi de près d’un million après la crise financière de 2007-2008 et que sa réduction avait constitué une priorité majeure des gouvernements qui se sont succédés. Les mesures adoptées durant l’épidémie ont empêché qu’il s’accroisse mais la réalité est là : la France est toujours confrontée à un chômage très important. Et si l’on ajoute le nombre de demandeurs d’emplois exerçant une activité partielle, il s’élève à 5,7 millions, soit le même niveau qu’avant l’épidémie. Cette stabilisation résulte aussi de l’augmentation du nombre d’auto-entrepreneurs comme les livreurs des plateformes de distribution à domicile ou les conducteurs de V.T.C. Il est difficile de prétendre qu’il s’agit là de la preuve d’une réussite de la politique économique.

Quant au pouvoir d’achat, il a été affectée par deux phénomènes agissant en sens inverse. Les réductions d’impôt et l’augmentations des prestations sociales de toutes natures ont permis qu’ il se stabilise en 2020 et qu’il progresse en 2021 (+1,8%) malgré la crise. Mais cette situation est précaire car les menaces que font peser sur les ménages la reprise de l’inflation, notamment à la suite de la hausse des prix de l’énergie malgré les mesures de limitations, et les faibles réévaluations des salaires et des prestations sociales, ont conduit l’INSEE à prévoir une nette baisse du pouvoir d’achat du revenu disponible au premier semestre 2022, laquelle effacerait les augmentations passées. 

Les résultats sont nettement défavorables en ce qui concerne la production industrielle et les échanges extérieurs qui avaient jusqu’à présent constitué le critère principal de la compétitivité du pays. La production industrielle est inférieure de 15% au niveau observé il y a dix ans. La chute intervenue en 2020 n’a été que partiellement compensée. On se réjouit en affirmant que la France est le pays le plus attractif d’Europe mais on se garde bien de donner des indicateurs précis et indiscutables permettant des comparaisons internationales parce qu’ils n’existent pas. De même on annonce que pour la première fois on aurait ouvert plus d’usines qu’on en aurait fermées. Mais cela ne donne aucune garantie sur le nombre d’emplois nets créés et cela n’a pas enrayé la chute des effectifs dans l’industrie.

Malgré la récession de 2020, le déficit commercial s’est creusé et la responsabilité n’en incombe pas aux prix de l’énergie. C’est l’augmentation du déficit en produits manufacturés qui en est la cause principale : il est passé de 15 à 35 milliards sur les neuf derniers mois comparés aux périodes correspondantes de 2019 et 2020 avec de fortes disparités suivant les secteurs. Les tensions sur le marché de l’électricité ont permis un bond spectaculaire des exportations. Le solde extérieur a atteint au troisième trimestre 1,9 milliard d’euros. Il va se réduire du fait d’une moins bonne disponibilité du parc nucléaire mais il aurait été bien plus important si la centrale de Fessenheim n’avait pas été fermée. Au moment où le gestionnaire du réseau alerte sur les risques de coupures cet hiver, on se rend compte à quel point cette décision, purement politique puisque l’Autorité de Sûreté Nucléaire, avait délivré l’autorisation de fonctionner, aura été absurde.

Les succès indiscutables remportés dans la gestion de l’économie pendant l’épidémie, ne doivent pas occulter les deux faiblesses de la France, l’emploi et l’industrie. Les remèdes employés jusqu’à présent, en dépensant des sommes considérables pour  réduire le coût du travail, sommes qui ont surtout profité aux autres secteurs de l’économie, ont échoué. La réhabilitation des activités productives ne peut se faire qu’au travers d‘une véritable révolution culturelle.

Les dirigeants devront désormais consacrer leur temps aux produits et aux clients au lieu d’être focalisé sur la gestion de leur portefeuille d’activités. Les techniciens, les commerciaux et les ouvriers dans chaque usine devront bénéficier de conditions de travail et de rémunérations qui reflètent la réelle contribution qu’ils apportent non seulement à leur entreprise mais aussi à leur pays.       

    

               

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