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Le blog d'Alain Boublil

 

TEC 10 : 0,56%

Après un record à la baisse hier, le TEC 10, qui mesure le taux d’intérêt constaté sur les marchés pour les emprunts français à 10 ans, se maintient à ce niveau exceptionnellement bas. L’écart avec l’Allemagne est toujours autour de 20 points de base, ce qui témoigne de la confiance des investisseurs envers la France. Cette situation appelle deux questions : pourquoi cette situation sans précédent et comment en profiter ? Autant les réponses à la première question sont simples et font l’objet d’un consensus assez général, autant, pour la seconde, on a le choix entre le déni et la controverse au sein de l’Europe.

La baisse des taux résulte d’abord du recul de l’inflation. Les prix sont désormais stables, la hausse de certains services, comme les loyers et les prestations aux personnes, est compensée par la baisse des prix des matières premières, l’énergie en tête, mais ce n’est pas un cas isolé, et  des produits manufacturés du fait de la concurrence internationale, des multiples innovations qui ont amélioré les performances de ces produits, et des gains massifs de productivité qui ont permis de contenir la hausse des coûts salariaux. Ces évolutions structurelles ont ouvert la voie à une nouvelle politique monétaire, dont l’objectif n’est plus désormais de lutter contre une inflation qui a disparu, mais d’accélérer la sortie de la crise. elle a été mise en oeuvre aux Etats-Unis et au Royaume-Uni d’abord, puis maintenant en Europe. En s’ouvrant la possibilité d’acheter des titres de dette souveraine sur les marchés financiers, la BCE fait monter la valeur de ces titres, ce qui, mécaniquement, fait baisser leurs taux d’intérêt. Et comme rien ne laisse présager le retour de l’inflation, cette situation a toutes chances d’être durable.       

Les principaux bénéficiaires sont les Etats, qui, partout dans le monde, sont lourdement endettés. Chaque fois qu’ils feront appel au marché, pour rembourser des emprunts venus à maturité ou pour financer les nouvelles dettes résultant chaque année de leurs déficits, ils paieront un taux très faible qui courra toute la durée de l’emprunt, en l’espèce, dix ans. Les rares entreprises qui font directement appel au marché, en profiteront également, mais dans une moindre mesure, puisque le taux qu’ils devront payer dépend essentiellement de leur situation financière. Quant aux autres entreprises et aux particuliers, ils sont tributaires des banques, qui sont peu enclines à prêter, du fait des nouvelles réglementations européennes et qui, surtout pour les crédits à la consommation, ont peu répercuté la baisse des taux. Alors, à quoi bon les avoir baissés ? C’est là que la controverse s’est installée.

Il y a ceux qui sont dans le déni et refusent l’évidence. Ils estiment que cela ne sera que passager et surtout, que cela dispensera les Etats de mener les actions nécessaires pour réduire leurs propres déficits, ou que cela incitera ces mêmes Etats à relâcher leurs efforts. Donc, pour eux, cette politique est néfaste. Ils sont surtout situés en Allemagne. Ils ne pensent pas tous, comme Angela Merkel, qu’il faut « profiter des taux bas pour se désendetter », mais ils n’en sont pas loin. La grande majorité des pays européens est sur une autre ligne et se pose la question de savoir comment en profiter au mieux. Le débat est pour l’instant occulté par le règlement du problème grec, mais il ne va pas tarder à resurgir car l’enjeu est considérable.

Si on prend le cas de la France, depuis le début de l’année, le Trésor, sur les échéances inférieures ou égales à un an, s’est financé à des taux négatifs de 0,10% en moyenne. Pour les échéances plus longues, le résultat est encore plus spectaculaire : le taux moyen est de 0,61%.   Depuis le début de l’année, le volume de titres émis est considérable : 38 milliards d’euros pour la dette à court terme et 23,8 milliards pour la dette à moyen et long terme. Sur celle-ci, grâce aux « primes d’émission », l’Etat a en réalité, encaissé plus de 25 milliards. Et ce n’est qu’un début : l’adjudication de cette semaine devrait apporter une confirmation de la tendance  et mettre en évidence que les estimations pour 2015 de la charge de la dette sont  comme en 2014, très largement surévaluées. L’Agence France Trésor les situe désormais autour de 40 milliards, soit 4 milliards de moins que dans le projet de loi de Finances.

La situation est analogue en Italie, en Belgique et en Espagne. D’où la question : va-t-on mettre ces économies massives et durables puisque les émissions sont à taux fixe sur toute leur durée de vie, « sous le tapis » comme le demande l’Allemagne ou, au contraire, les Etats concernés vont-ils profiter de ce ballon d’oxygène pour stimuler, sous une forme ou sous une autre, leurs économies respectives ? La fin, ou à tout le moins, l’atténuation de l’austérité sont désormais possible grâce à la baisse des taux. Tel est le véritable enjeu des discussions qui vont intervenir à Bruxelles.

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